La seconde édition de la Cap-Martinique s’achève aujourd’hui avec l’arrivée de Marine et Sébastien Péjoan, 51ème et dernier concurrent de cette seconde édition. Thibaut Derville et Jean-Philippe Cau, co-organisateurs profitent de cette occasion pour dresser le bilan d’une course appelée à devenir une classique.
Comment se sont déroulées les arrivées ?
Il y a beaucoup d’émotions. Pour des amateurs, traverser l’Atlantique en solo ou en double est un défi énorme et ils arrivent tous transformés à Fort-de-France. La grande satisfaction de cette transat est de voir que les marins sont tous là pour s’accueillir les uns les autres. Même Robert Jacobson, qui avait pourtant abandonné aux Açores, est venu en Martinique et il a assisté à presque toutes les arrivées. Le Sud-Africain Adrian Kuttel a abandonné à Madère et il a tenu à terminer sa transat hors course. C’est exactement ça l’esprit de la Cap-Martinique, ce mélange de sportivité et de convivialité.
Quel est le bilan sportif de cette Cap-Martinique ?
Il est incroyable ! Si l’on regarde les vainqueurs dans les différentes catégories, on voit que toutes les façades de navigation sont représentées, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest et même les plans d’eau intérieurs. C’est intéressant car peu de courses rassemblent des concurrents venus de toute la France et cela montre que le niveau est super homogène.
Les Lillois Amaury Dumortier et Geoffrey Thiriez sont arrivés les premiers et remportent le « Line Honors » alors que Gérard Quenot et Bertrand Daniels, qui viennent de La Rochelle, gagnent le classement général en temps compensé. En solo, le premier sur la ligne est le Marseillais Ludovic Gérard et c’est Régis Vian qui gagne en temps compensé. Régis vient du Mans et se prépare à La Trinité-sur-Mer. Tout cela démontre qu’il y a de très bons marins sur tous les plans d’eau de France et au delà. On voit aussi que la course séduit à l’étranger avec la participation de plusieurs marins étrangers venus de Belgique, des Pays Bas mais aussi d’Afrique du Sud ou des Etats-Unis. Les Américains Justin et Christina Wolfe réalisent d’ailleurs une très belle course puisqu’ils arrivent 7ème en temps réel.
Quel est le ressenti des coureurs ?
Il y a une unanimité de la part de tous les marins : la Cap-Martinique est la plus dure et la plus exigeante des courses amateurs. C’est un parcours impitoyable, long, qui demande une endurance exceptionnelle. La concurrence est aussi extrêmement rude puisque les meilleurs sont tous là. Après 20 jours de course et 3 800 milles, on a vu des bateaux arriver au contact jusque dans la baie de Fort-de-France. C’est une expérience unique.
Que retenez-vous de cette seconde édition ?
Tout le monde a en tête la disparition de Philippe Benoiton. On sait aujourd’hui qu’il est décédé sur son bateau très probablement frappé par sa bôme, mais d’autres incidents sont survenus et se sont mieux terminés. Le risque est toujours présent en mer mais chaque marin à la responsabilité de les réduire au maximum.
Il y a eu cette année des équipages très jeunes. C’est une surprise ?
On sait que les jeunes aiment l’aventure donc ce n’est pas une surprise totale mais c’est une bonne nouvelle. On parle souvent du renouvellement de générations et on voit que la relève de notre sport est bien présente. La surprise en revanche vient de leur capacité de progression. Je pense notamment à Ivan Lecat et Gwendal de la Rivière ainsi qu’à François Ropartz et Vianney d’Aboville. Lorsqu’ils se sont inscrits il y a deux ans environ, ils étaient presque des débutants mais ils ont su monter leur niveau de jeu pour être au départ dans de bonnes conditions. Ils ont été très assidus aux entraînements et réalisent aujourd’hui une course magnifique. Cette course a été celle de l’apprentissage. En deux ans, ils ont changé de catégorie. Ils étaient des marins passionnés, ils sont devenus des coureurs au large expérimentés. Ce sera une belle source d’inspiration pour les prochains.
De l’autre côté de la pyramide des âges, il y a Jacques Amédéo qui a 76 ans. Là encore, il force l’admiration et démontre que notre sport se pratique à tout âge avec toujours autant de plaisir.
Voyez-vous une évolution dans le profil des concurrents ?
Ce que l’on observe, c’est que le niveau est de plus en plus élevé. La Cap-Martinique s’adresse à de bons marins mais surtout à ceux qui veulent le devenir. Il faut saluer le travail réalisé par les centres d’entraînement à La Trinité-sur-Mer ou La Rochelle. Il y a maintenant une norme de préparation qui est de naviguer 50 jours par an, au sein d’un groupe avec un bon encadrement. C’est un format exigeant pour des amateurs qui ont par ailleurs des vies bien remplies mais il permet de prendre le départ de cette transat dans de bonnes conditions.
Il y aura donc une troisième édition ?
Bien sûr ! Cette deuxième édition a permis d’installer un peu plus la Cap-Martinique dans le temps. Nous avons la chance d’avoir des skippers enthousiastes mais aussi des partenaires précieux, qu’il s’agisse des entreprises ou des collectivités territoriales. Nous avons cette année changé de marina d’arrivée et c’est une vraie progression. Cette marina de l’Etang Z’abricots, à 15 minutes de Fort-de-France est une infrastructure incroyable. Nous tenons d’ailleurs à remercier toute l’équipe qui a fait un travail formidable pour accueillir cette flotte.