Crédit photo Paul Wyeth/RORC
Cowes Dinard, dernière répétition avant le Fastnet !
Rendez-vous incontournable du RORC qui fête ses 100 ans cette année, Cowes Dinard offre, les années impaires, l’opportunité d’une ultime confrontation avant le Fastnet. C’est une course historique, disputée depuis 1906, dont le vainqueur remporte la prestigieuse coupe Edouard VII.
Plus de 170 inscrits cette année contre 73 en 2024, dont seulement 38 furent classés : le violent coup de suroît en avait refroidi plus d’un ! Nous aurions été plus nombreux encore si tous les participants à la course de ralliement la Trinité-Cowes s’étaient présentés au départ.
Ce vendredi 11 juillet le soleil est radieux. Pleine mer à midi, nous nous élançons donc avec le début du jusant vers les Needles, au portant dans un flux d’Est très localisé au milieu du Solent.
A bord de Nutmeg, le MC 34 de François et Corentin Lognoné, nous prenons un excellent départ, probablement le meilleur des Class 2, avec notre meilleur ennemi Scarlet Oyster (14 pieds de plus que notre valeureux MC34) ! Après quelques empannages, la flotte se regroupe au nord du Solent pour un nouveau départ, au près cette fois ci. Nous sommes aux avant-postes, au contact de la meute de scows, dont certains sont menés par des experts reconnus : Gildas Mahé sur le Pogo 36 Aruba AKA Amarris ou encore Gildas Morvan sur le JPK 10.50 Pilou AKA Léon : dans les deux cas, il s’agit du bateau du chantier, qui doit assurer par ses victoires le succès commercial de la série.
Comme prévu, la journée est radieuse, on essaie de filer vers l’ouest, en profitant le plus longtemps possible du courant portant, sans trop tomber sous la route… Pas si facile dans un vent si léger : J1, Code 0, A3, tout y passe pour essayer de grapiller quelques mètres sur les concurrents immédiats.
A l’AIS, on constate que le J/133, un vénérable bateau de série, « bien conçu et bien construit », tire profit de sa grande longueur et de son spi gigantesque : on ne le reverra plus. Bien inspiré, Aruba s’éloigne inexorablement lui aussi, et enfin on arrive à empanner, puis à gagner vers le sud. Ce n’est pas évident, mais on sent qu’on n’est pas les plus à plaindre. Notre gigantesque spi A3, léger et plat, s’avère une arme fatale pour démarrer avant les adversaires. Ça avance, on y croit !
Le redouté Lann Aël, précurseur des scows déjà vainqueur du Spi Ouest 2023 et de la Giraglia 2024, semble moins irrésistible qu’on ne le craignait. Ce bateau a certainement beaucoup inspiré le chantier Structures qui a sollicité Bernard Nivelt et Sam Manuard pour leur nouveau Pogo RC.
En direction des Casquets, les spis révèlent de beaux reflets sous la pleine lune. Indifférents à cette poésie, les barreurs s’obstinent à améliorer leur VMG. Alors que les navigateurs s’épient à l’AIS, tâchant de savoir si leur vitesse ou leur stratégie sont les meilleures, le souvenir du louvoyage dans 35 noeuds l’an dernier s’efface petit à petit.
Au petit matin, la chaleur et la lumière semblent celles d’une régate en Méditerranée, et sous le vent des Hanois, la pétole s’amuse de nos nerfs fragiles. Evidemment, les pros devant n’ont pas ces tracas. On essaie de se consoler en pensant aux attardés, mais si les meilleurs sont déjà loin, les autres concurrents sont plus menaçants que jamais. Les scows ne manquent pas d’alimenter le débat. Trop rapides ? Pas assez pénalisés ? Ou tout simplement mieux menés ?
Avec notre bon vieux Nutmeg, vainqueur Overall et si novateur en 2015, nous terminons 6 èmes en class 2, derrière 3 scows mais devant 4 autres. Une fois de plus, les meilleurs gagnent, et les autres continuent plus longtemps. Au Fastnet, dans 15 jours, il faudra sortir son meilleur jeu, sinon les autres le feront pour nous !
A l’approche de la ligne d’arrivée, nous croisons les Class 1 qui rentrent vers Cowes. Le spectacle qu’ils assureront pour l’Admiral’s Cup, après 22 ans d’absence, promet d’être grandiose. Une bonne raison d’y retourner, parmi tant de mauvaises !
Résultats complets :
