L’UNCL à la naissance la Route du Rhum
Au cas où ce serait nécessaire, il est utile de rétablir une vérité historique car sans l’UNCL la Route du Rhum n’existerait pas. Lors de la Whitbread 1973-1974, André Viant, membre éminent de l’UNCL, courut en famille sur Grand Louis, goélette de 18 mètres, et ferrailla durement contre Kriter, le ketch de 20 mètres de Jacques Grout, Alain Glicksman et Michel Malinovsky. Ce dernier fut plus tard le malheureux perdant de la 1ère Route du Rhum face à Mike Birch récemment disparu. Kriter et 33 Export furent les deux premiers bateaux sponsorisés de l’histoire lors de cette course. Il y eut bien auparavant des chefs d’Etat et des mécènes qui, à l’instar d’Isabelle de Castille avec Christophe Colomb, finançaient les grands navigateurs-découvreurs, de Magellan à Amerigo Vespucci, mais ce furent les premiers avec des marques commerciales.
L’artisan du sponsoring de Kriter fut Michel Etevenon via son agence de publicité Maillard qui fit connaissance d’André Viant lors d’une des quatre escales. Au retour, Michel ayant pris comme client les rhumiers de la Guadeloupe, il chercha une solution publicitaire pour augmenter la consommation de Rhum guadeloupéen en Métropole et eut l’idée d’en parler aux frères de Kersauson qui se tournèrent vers l’UNCL. André Viant en était devenu le Président et Jean-Louis Fabry, malouin, le trésorier. Après les excès des 40 mètres de Vendredi 13 et des 72 mètres de Club Méditerranée, le Royal Western Yacht Club avait décidé de limiter la taille des bateaux, ce qui fut perçu comme une attaque antifrançaise … autorisant une riposte. Ayant une bonne raison de faire la nique aux Anglais, un financement et le site théâtral de St Malo, tout était réuni pour lancer une nouvelle course en solitaire, à l’automne, loin de la Transat anglaise de juin et sans limite de taille. Ainsi naquit la course Open.
De la 1ère édition jusqu’au milieu des années 90, l’UNCL fut l’organisateur technique et sportif de la course pour le compte de Michel Etevenon. L’UNCL tirait sa légitimité de l’expérience de course au large de ses membres et sa capacité opérationnelle de son équipe de bénévoles dont je fus, me laissant des souvenirs inoubliables et des amitiés solides.
L’UNCL inventa des règles de course spécifiques et des contrôles techniques à partir d’une feuille blanche, à l’origine des règlements actuels, composant des comités de course et des jurys ad hoc. La création des classes Orma puis Imoca à l’initiative des coureurs et de la FFVoile eurent raison de la course Open et l’organisation fut reprise par la FFVoile.
L’UNCL – Pôle Course du Yacht Club de France, toujours dans la course : d’organisateurs à armateurs et coureurs
Aujourd’hui, le club est plus que jamais dans la course par l’engagement direct de plusieurs de ses membres dont certains embarquent avec de grandes ambitions :
En Class 40, Antoine Carpentier sur Redman est l’un des favoris. Laurent Camprubi, après un chavirage il y a quelques semaines au Cap Finisterre qui aurait pu être dramatique, remonte en selle sur Jeanne rebaptisé Glaces Romane. Enfin, Nicolas d’Estais, 2ème de la Mini transat 2019, embarque sur son tout nouveau Happyvore – Café Joyeux avec de légitimes ambitions.
En Rhum mono, deux anciens « Imocistes » : Catherine Chabaud, aujourd’hui députée européenne, 1ère femme à terminer un tour du monde à la voile en solitaire, sans escale avec deux Vendée Globe au compteur repart sur le Cigare Rouge de VDH, sous le nom de Formatives ESI Business School pour Ocean As Common. Elle sera l’une des favorites parmi les 8 femmes de cette Route du Rhum.
Vient ensuite le niçois, Jean-Pierre Dick, qui part clairement pour la gagne dans sa classe avec son étonnant JP54, dessiné par Guillaume Verdier et avec lequel il navigue en Pro-Am. Il coure sous les couleurs de Notre Méditerranée – Ville de Nice. Sans oublier le trinitain Rémy Gérin sur Faïaoahé, un magnifique bateau néo-classique qui court sa première transat en solitaire, après avoir traversé en double en début d’année lors de la Transat du RORC.
En Rhum multi, Gwen Chapalain, vrai Penn Sardin* part sur le catamaran Guyader–Savéol et représentera son Finistère natal.
Enfin, en Ocean Fifty, le baulois Sébastien Rogues sera sur son Primonial, vainqueur de la dernière Transat Jacques Vabre, dans une classe où tous les rêves sont possibles.
A ceux-là, on peut rajouter nombre d’anciens équipiers de notre Vice-Président, Gery Trentesaux, qui participent à cette édition de la Route du Rhum : Didier le Vourch part à bord du Class40 d’un autre membre (Olivier Delrieu) sur un Class40 arborant fièrement les couleurs du Yacht Club de France dans sa grand-voile. Thomas Ruyant et Louis Duc partent sur les Imocas LinkedOut et Fives – Lantana Environnement.Erwan Leroux, président de la classe Ocean Fifty, part pour sa 4e participation à bord de KOESIO.
A l’exception de l’un d’entre eux, tous nos membres participent en portant le nom d’une marque ou d’une cause et ce, grâce à des rencontres, aux passions et aux stratégies de ceux qui deviennent leurs partenaires et financent leurs aventures. Parmi nos membres, deux armateurs sont dans la course : Frederic Puzin, président de Corum soutient Nicolas Troussel en Imoca. Philippe Rey-Gorrez Justine Mettraux sur Teamworks dans un projet 100% suisse.
A tous nous souhaitons le succès bien sûr mais avant tout de vivre leurs rêves et de profiter des couchers de soleil qui chaque jour les rapprocheront un peu plus de l’île papillon.
* Les habitants de Douarnenez sont appelés parfois, notamment par les femmes, Penn Sardin, en référence au travail des ouvrières des conserveries qui consistait entre autres à couper la tête des sardines (penn signifiant tête en breton).