Tanguy Fournier Le Ray termine 3eme en IRC 3 lors de la mythique Rolex Sydney Hobart en équipage à bord de South Brittany, un First 44.7. Une course dominée cette année par les TP52 du fait des conditions météos favorables pour ces voiliers racés. En effet, le TP52 Celestial gagne la RSHR en IRC Overall devant 5 autres TP52 (en fait 8 TP52 dans les 10 premiers). Retour sur cette très belle performance à travers le récit de Samuel Prietz, membre de l’UNCL – Pôle Course du YCF :

Avant le Covid, Tanguy Fournier Le Ray envisageait déjà de monter un équipage breton pour venir courir la Sydney Hobart sur son 44.7. Ce bateau n’était pas inconnu, Tanguy et ses frères avaient déjà couru à bord avec les anciens propriétaires dès les années 2005.

Néanmoins, nous avons du attendre quelques temps et la fin de la crise sanitaire pour que ce projet puisse se concrétiser. 

Au printemps 2022, nous en avons rediscuté ensemble en misant sur les capacités du voilier au près et sa robustesse, mais également sur l’envie et l’expérience des équipiers bretons. 

Peu à peu l’équipage se formait en réunissant les qualités humaines et techniques nécessaires. Autour de Tanguy, ses frères Matthieu et Jérôme, Gautier Normand, Tanguy Caradec et moi-même. Assez vite, Vincent Fertin s’est laissé convaincre ainsi que son ami Xavier Vandame mais également le bel Yves Pelletier. Il nous semblait toutefois précieux de s’adjoindre les services d’un navigateur chevronné et c’est sur recommandation de Nico Lunven qu’Alexis Loison nous a rejoint. 

Enfin, Arty Psaltis, local hero aux 18 participations et vainqueur de la terrifiante édition 1998 rejoint l’équipe. 

Bien qu’éprouvé et sans surprises, le 44.7 exigeait toutefois une importante remise à niveau, ne serait-ce que pour la conformité aux exigences de sécurité du CYCA, le club organisateur. 

Alors que Tanguy avait déjà engagé un travail de fond sur le gréement et les voiles, le commando n’a pas eu trop de dix jours pour achever la préparation technique. C’est une véritable Agence Tous Risques qui s’est mise en œuvre 10 heures pas jour dès notre arrivée pour faire de South Brittany une mobylette de banlieue (nous avons été chaleureusement soutenus par les locaux et l’expertise de Vincent Fertin pour le bricolage fut déterminante!). 

Le bricolage nous a toutefois laissé quelques instants pour plusieurs sorties précieuses avant la course, qui ont permis de se familiariser avec le bateau et de se présenter confiants sur la ligne de départ. 

Le 26/12, c’est avec un équipage déterminé que nous nous présentions sur la ligne. Malgré un départ en demie-teinte, nous avons très rapidement remonté la flotte au point de sortir de la baie de Sydney dans le groupe de tête. 

(Photo collection privée Fournier Le Ray)

Les premières heures se sont disputées au portant dans le médium, par vent de nordet, conditions qui correspondaient particulièrement bien à notre Beneteau 44.7. Néanmoins, à mesure que le vent fraîchissait après 24 heures de course, le poids de notre bateau et nos spis usagés devinrent rapidement des handicaps. Pour compenser cela, la tentation était grande de naviguer au delà des limites raisonnables, ce qui achèvera notre Spi médium S2 puis notre spi de capelage S5, qui nous semblait bullet proof (2,2 once). De toute évidence, ce spi d’emprunt n’était pas de première jeunesse, et il éclata sans la moindre faute de barre ou de réglage, dans un dernier baroud d’honneur à 38 noeuds de vent, il n’était de toutes façons plus raisonnable de charger autant sous spi ! 

Dans le Détroit de Bass, nous étions contraints à naviguer sous jib top, à des angles bien plus serrés que nos concurrents, et à une vitesse moindre. La double peine par rapport aux bateaux légers, taillés pour le planning, et pour la plupart équipés de petits tangons de foc. 

Une vague, plus forte que les autres, fit sancir South Brittany. Le bateau tomba quasiment à pic avant d’être couché par la déferlante. La plupart des équipiers furent projetés sous le vent, l’un d’eux s’ouvra l’arcade contre un winch. La barre était tordue et le bateau ingouvernable: les drosses avaient fait fusible. Dans ces conditions, plusieurs empannages incontrôlés malmenèrent le gréement. 

Une drosse de secours nous permis de refaire route rapidement. 

L’analyse météo brillante d’Alexis Loison nous permis de nous retrouver dans la meilleure position possible lors de l’arrivée du vent de secteur suroît (le fameux “south westerly”). Nous repartions donc au louvoyage sous petit foc et un ris.

Galvanisé par notre classement provisoire, l’équipage enchaîne les tack-changes à l’approche du Tasman Corner, contourné au louvoyage, au ras des iconiques Organ Pipes, contre le courant. Ensuite, c’est un exercice plus subtil au largue, puis au portant dans un vent mollissant, notre spi de tête nous manqua cruellement dans ces dernières heures. 

2 eme? 3eme ? 4 eme ? South Brittany ne pouvait accrocher Sunrise, mais l’issue dans la division IRC 3 demeurait incertaine jusqu’au bout. Comme un signe du destin, nous arrivions finalement troisièmes en compensé, à l’heure du dîner, salués à notre arrivée à Hobart comme chaque concurrent par la foule massée sur le quai. Quel accueil incroyable de toute la ville ! Une expérience rare… 

Si nous devions y retourner, on ne sous-estimerait pas l’importance de voiles de portant solides et récentes, et pourquoi pas d’un bateau moderne et taillé pour le portant. Au hasard, un TP52 ! 

En voyant les sourires des équipiers et la satisfaction à peine masquée du skipper, tout est possible ! 

Résultats Rolex Sydney Hobart : https://rolexsydneyhobart.com/

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