Article rédigé par Samuel Prietz – YCF / Crédit photos: @Klervi Morvan – SNT
C’est déjà la troisième édition de la Nuit des Iles du Ponant, organisée de main de maître par la Société Nautique de la Trinité-sur-Mer.
Cette course s’ancre facilement dans le calendrier des régates en Atlantique : au départ de la Trinité où beaucoup ont leurs habitudes, elle fait écho à Cowes-Cherbourg disputée à la même période : une course rapide, qui clôt la saison des courses « offshore », avant le dernier championnat, l’Atlantique Le Télégramme, disputé mi-septembre à Lorient.
Sans surprise, 67 équipages ont répondu présent ; dommage que les Class 40 et les Multi 50, fraîchement revenus de Terre-Neuve, n’aient pu être plus nombreux sur la ligne de départ. Next year ! …
Les conditions changeantes ont amené le président de comité de course, Gilles Bricout, à se remuer les méninges. Alors que la distance du parcours était réduite à 59 milles dans l’avenant du vendredi soir, nous nous élançons finalement pour un parcours de 75 milles, à la faveur d’un bord vers le phare des Birvideaux.
Un départ unique pour toutes les classes donne toujours lieu à une certaine excitation, il y aura même un rappel individuel. Sur Codiam, nous décidons de partir sous le vent, le nordet n’est pas très fort et cela nous permettra d’accélérer si le vent faiblit encore avant le chenal de la Teignouse. Pas de chance, le vent fraîchit ! Parer Basse Nouvelle devient difficile… Le spi claque à plusieurs reprises, mais finalement nous nous engageons dans le chenal sans devoir repasser sous foc. Ouf… Dans le chenal, on abat de 50°, et le « Prince de la Baie » devient irrésistible, sous grand spi vert bien brassé.
À bord, on sent qu’il y a du métier : nombreux sont ceux qui ont disputé 3, 4 voire 8 Fastnet sur le Grand-Soleil 43’ de Jean-Claude Nicoleau. Tenaces, les gars ont même remporté le dernier Spi Ouest, contre des bateaux dernier cri, c’est vous dire ! Pas un mot plus haut que l’autre, chacun fait de son mieux sous le regard bienveillant de Nicolas Loday, dont les instructions précises sont néanmoins toujours délicates. C’est un réel plaisir de retrouver cette ambiance chaleureuse, quasiment familiale : l’équipière d’avant, à bonne école avec Youn, n’est autre que la fille du navigateur… Bon sang ne saurait mentir ! Quant à la dernière recrue, son dynamisme ne fait aucun doute : ceinture noire au Judo, 4ème Dan !
Trêve de bons sentiments : il faut de nouveau lofer de 50° vers les Birvideaux… Si le vent refuse ou se renforce, cela fera le jeu de l’Ange de Milon et Fastwave, dont les carènes signées Valer sont redoutablement efficaces au largue. Finalement, on navigue tranquillement jusqu’au phare, et c’est plutôt la longueur de carène qui l’emporte sur la stabilité.
On a beau avoir fait cent fois la manœuvre, on se questionne toujours avant l’affalage. Notre kiwi drop sera réalisé dans un style baroque, mais Fastwave demeure dans la ligne de mire. On va bien. On va mieux que lui. Il faut bien que la longueur paie ! On le rattrape. Pas vrai, on le rattrape. Non ? Ah bon. Tant pis. On croirait pourtant… Et ainsi de suite. Jusqu’aux Galères, à l’Est de Belle-Île. Puis jusqu’à Basse Capella, à l’ouest du plateau du Four. Ces comparatifs de vitesse, égrenés en permanence, présentent l’avantage de maintenir tout le monde alerte lors des bords les plus monotones. On croise de très près un semi-rigide en dérive. « Vous pourriez pas passer plus près ? La mer n’est pas assez grande ? » … Pardonnons ces pêcheurs qui nous imaginaient en croisière !
Après Basse Capella, c’est un louvoyage de presque 4 milles vers la Bonen du Four. À l’étale de PM, c’est plutôt le vent qu’il faut observer. La prudence incite à protéger la gauche, l’établissement de la brise au nord-est, à cette heure, est peu probable. Finalement, l’Ange de Milon qui a fait le bord du cadre à droite n’est pas sanctionné pour son audace, et nous repartons dans le même ordre vers la Recherche, mais ce diable de Girardin s’est rapproché. Son Hey Jude est un excellent bateau, très polyvalent. Sans flying jib ni coquetterie de ce genre, il sera le premier à envoyer un Code 0. Et cela semble payant…
Le vent n’est décidément pas bien fort : Cartouche, le Mach 45 de Nicolas Groleau, approche Sud Quiberon à 20h00, où le comité de course annonce une réduction de parcours. La prudence l’impose, avec les orages annoncés ce soir, et des prévisions de pluviométrie à 19 millimètres. Un BMS a été diffusé.
Revenons à la régate ! On ne peut pas marquer tout le monde : l’Ange de Milon fait une route assez haute, Fastwave préfère accélérer, quant à nous, sur Codiam, on est entre les deux. On surveille attentivement Fastwave, qui accélère ! Avec le jusant, nous préférons privilégier la droite pour l’approche de Sud Quiberon. Mais on se questionne… Le coefficient n’est pas très fort, et il suffit que Fastwave touche une risée à gauche pour nous battre en temps compensé… Il est souvent plus facile d’aligner les penons que de valider une stratégie gagnante !
Finalement, nous restons à droite de Fastwave, nous recroisons devant L’Ange qui s’aligne gentiment derrière nous … Bâbord amure, Fastwave semble buter dans le courant, alors qu’on cavale à presque 7 nœuds sur le fond. Ça va le faire, ça va le faire… Nous franchissons la ligne d’arrivée seulement 3 minutes derrière eux, c’est un soulagement. De courte durée : Hey Jude, lui, est nettement revenu !
Les premiers éclairs apparaissent au crépuscule. Moteur. Cap sur la Trinité au 10°. On range tout en vitesse, on sait qu’il va pleuvoir. L’orage offre un spectacle son et lumière de toute beauté ! Dans le carré, on refait le match en dégustant un petit salé aux lentilles. Encore une belle régate, remportée toutes classes confondues par Julien Bentz sur le J/99 Whimjy, qui s’était distingué, la semaine dernière, au Tour de Belle-Île et à la Duo du Crouesty … à suivre !
IRC Toutes classes :
🥇 Julien Bentz (Whimjy 99)
🥈 Philippe Girardin (Hey Jude)
🥉 Jean-François Cheriaux et Alain Peron (Ad Hoc)
IRC Equipage
🥇 Julien Bentz (Whimjy 99)
🥈 Philippe Girardin (Hey Jude)
🥉 Thibault Garin (Aezhenn Brao II)
IRC Double
🥇 Jean-François Cheriaux et Alain Peron (Ad Hoc)
🥈 Jean-André Hebel et Romain Gibon (Abracadabra²)
🥉 Eric Bastard et Romain Hillion (Ishsha)
IRC Solo
🥇 Penny Aubert (Georgia)
🥈 Brieuc Lebec (Raging Bee)
🥉 Ludovic Menahes (Raphael)